Santé au quotidienPhobiesHypocondrie : d’où viennent les maladies imaginaires ?

Hypocondrie : d’où viennent les maladies imaginaires ?

L’hypocondrie ou trouble hypocondriaque se caractérise par la peur d’avoir une maladie grave. Si nous sommes nombreux à craindre les maladies, chez l’hypocondriaque, cette crainte prend des proportions énormes. D’où viennent ses angoisses maladives ? Comment traiter ce trouble anxieux généralisé ? Focus sur une phobie particulièrement difficile à supporter pour ceux qui en souffrent, mais aussi pour l’entourage.

Qu’est-ce que l’hypocondrie, ce fameux trouble hypocondriaque ?

Qu’est-ce que l’hypocondrie, ce fameux trouble hypocondriaque ?

Tel Argan, personnage principal de la pièce de Molière « Le malade imaginaire », les hypocondriaques souffrent d’une peur excessive à l’idée d’être malade. À tel point que le moindre symptôme, le moindre vertige ou petit rhume les plongent dans un état d’anxiété extrême. Chez certains hypocondriaques, les peurs sont si intenses que même l’absence de symptôme les inquiètent. Cancer, sida, infections virales… Plus la maladie est grave et plus l’hypocondriaque est persuadé d’en être atteint. Il va même jusqu’à penser que les médecins ne font pas le bon diagnostic et enchaîne alors les consultations et les examens médicaux.

L’hypocondrie fait partie des phobies les plus fréquentes et les plus handicapantes. Considérée comme un trouble mental, l’hypocondrie se caractérise par une anxiété généralisée, des symptômes somatiques et des troubles obsessionnels compulsifs (TOC). Irrationnelle et incontrôlée, cette phobie spécifique peut pousser les personnes atteintes dans des situations extrêmes et entraîner de grandes souffrances, voire une dépression.

D’où vient le nom ?

Le terme hypocondrie provient du latin hypochondria et du grec hypo (sous) et khondros (cartilage des côtes). À partir du XVIe siècle apparaît le terme « mélancolie hypocondriaque » qui fait référence aux malades qui se plaignaient de douleurs sous le cartilage des côtes droites, zone appelée les hypocondres. La connaissance du corps humain étant limitée à cette époque, les médecins ont alors cru à des symptômes imaginaires et une maladie fictive. Il s’est avéré qu’ils s’agissaient de coliques vésiculaires ou de calculs biliaires, des pathologies pourtant bien réelles. Cependant, le terme est resté et aujourd’hui l’hypocondrie est même reconnue officiellement comme une maladie en soi. Catégorisée dans les troubles mentaux, l’hypocondrie touche près de 4,5 % de la population.

Comment savoir si je suis hypocondriaque ?

Comment savoir si je suis hypocondriaque ?

La plupart des personnes ont cette tendance à s’inquiéter d’un grain de beauté un peu volumineux ou d’une toux qui s’éternise. Mais la différence entre une personne lambda et un hypocondriaque, c’est que ce dernier va développer un comportement pathologique et obsessionnel.

Pour savoir si vous êtes hypocondriaque, plusieurs de vos comportements peuvent vous alerter.

  • Ainsi, si vous passez votre temps à scruter votre corps et à imaginer le pire dès le moindre symptôme.
  • Si vous consultez les sites médicaux sur Internet ou appelez votre médecin à la moindre inquiétude.
  • Si vous multipliez les consultations médicales ou demandez des examens complémentaires parce que le résultat médical ne vous rassure pas.

Alors, vous faites alors sûrement partie des hypocondriaques. Toutefois, pour être diagnostiqué hypocondriaque, vos troubles de l’anxiété doivent perdurer depuis plus de 6 mois.

Par contre, attention à ne pas confondre l’hypocondrie et la nosophobie qui, quant à elle, est la peur d’attraper une maladie grave.

Quels sont les symptômes de l’hypocondrie ?

Comme pour toutes phobies, l’hypocondrie se manifeste par des troubles anxieux. Ainsi, lorsque les personnes souffrant d’hypocondrie se persuadent d’être malades, elles peuvent présenter les symptômes suivants : des palpitations cardiaques, des tremblements, des nausées, des troubles du sommeil, des maux de tête… Bref de toute une série de symptômes qui laissent à penser au malade imaginaire qu’il est finalement peut-être bien malade. Un cercle vicieux se met alors en place, augmentant le stress et l’anxiété, jusqu’à déclencher à nouveau les crises de panique.

L’hypocondrie est une phobie à prendre très au sérieux, car ce trouble panique impacte la vie de la personne qui en souffre tant tous ses aspects : sur le plan familial, professionnel et social, sans oublier les proches qui subissent l’angoisse du phobique au quotidien.

Pourquoi devient-on hypocondriaque ?

L’hypocondrie peut s’expliquer de différentes manières. Il peut s’agir un événement traumatique (maladies ou décès dû à la maladie) de l’enfance ou de l’adolescence qui perdure à l’âge adulte. De parents anxieux face à la maladie qui ont transmis leurs angoisses ou des parents trop hygiénistes qui faisaient la guerre au moindre germe. Mais aussi d’un sentiment d’abandon ou d’un manque d’attention que l’hypocondriaque cherche à compenser en attirant l’attention.

D’ailleurs, il est assez courant de constater que le trouble hypocondriaque touche l’ensemble d’une fratrie. Dans la plupart des cas, les hypocondriaques sont souvent des personnes anxieuses de nature.

Comment gérer l’hypocondrie au quotidien ?

L’hypocondrie est difficilement gérable au quotidien. Les pensées anxieuses sont envahissantes et prennent le pas sur le rationnel. La première étape pour surmonter cette phobie consiste à prendre conscience de son état. Ensuite, vous pouvez mettre en place des solutions pour éviter l’arrivée de la crise d’angoisse.

Comment gérer l’hypocondrie au quotidien ?

  • En pratiquant une activité sportive pour évacuer votre stress et reprendre le contrôle de votre corps.
  • En utilisant des méthodes de relaxation comme la sophrologie, la cohérence cardiaque et la méditation de pleine conscience qui vous apprendront à contrôler votre respiration en cas de crise de panique et à gérer votre angoisse.
  • En misant sur une bonne hygiène de vie : manger équilibré et éviter les excès contribue à repousser les maladies.
  • En se retenant de vérifier sur Internet la signification d’un symptôme.
  • En détournant votre attention de cette angoisse constante avec des activités qui demandent beaucoup de concentration (la peinture, la sculpture ou encore la poterie, très utilisées en art thérapie).

Cependant, si ces conseils peuvent vous aider au quotidien, ils ne soignent pas les causes de votre phobie. Si votre hypocondrie devient une source de souffrance pour vous ou pour vos proches, allez consulter un médecin.

Quand en parler à un médecin ?

Si votre médecin généraliste vous suit depuis longtemps, il a déjà dû détecter les signes de votre maladie. Dès que la maladie devient pesante et omniprésente, dès que vos comportements face à la maladie deviennent excessifs, n’hésitez pas à lui demander de l’aide.

Dans un premier temps, celui-ci peut vous prescrire un traitement médicamenteux avec des antidépresseurs et des anxiolytiques. Bien que les médicaments ne traitent pas la névrose phobique, ils peuvent soulager vos crises d’angoisse.

Votre médecin vous orientera ensuite vers un hypnothérapeute, un psychologue ou un psychiatre qui eux, vous agir sur les causes de cette peur intense d’être malade.

Les thérapies pour soigner l’hypocondrie

Dans le traitement des phobies, plusieurs thérapies ont fait leurs preuves, dont l’hypnose, l’EMDR et la thérapie comportementale et cognitive (TCC).

  • L’hypnose va permettre d’aller lever les blocages traumatiques en faisant remonter des causes de vos obsessions bloquées dans l’inconscient.
  • L’EMDR quant à elle se base sur des stimuli visuels pour traiter un traumatisme du passé. La technique, très utilisée dans le traitement du syndrome de stress post-traumatique et des TOC (trouble obsessionnel compulsif), permet au patient de se désensibiliser face à son angoisse chronique et in fine de chasser ses pensées anxieuses.
  • La thérapie comportementale et cognitive va déconstruire les fausses croyances en matière de santé. Par le biais de techniques spécifiques, le thérapeute aide son patient à changer de comportement pour éliminer sa peur des maladies et surtout qu’il puisse enfin avoir une idée objective de son état de santé.

Pour conclure : avoir peur d’être malade, à s’en rendre malade, n’est pas une fin en soi. L’hypocondrie se traite efficacement avec une psychothérapie. Alors, si vous pensez être hypocondriaque ou si vous pensez qu’un de vos proches l’est, n’oubliez jamais que l’hypocondrie est une maladie sérieuse, à ne pas prendre à la légère et que l’on peut en guérir !